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Entretien avec madame Joan Eby le 11 avril 2023

Madame Eby a été élue à la mairie de la municipalité de Bolton-Est  la première fois en 1982 et fut mairesse, avec  quelques interruption, pendant 27 ans. Il a décidé de se retirer de la politique en 2021. Inutile de dire qu'elle a joué un rôle important dans cette municipalité mais aussi dans la région et  la MRC de Memphrémagog. Cet entretien est un témoignage essentiel de l'histoire récente de notre communauté  qu'elle nous raconte.

 

J'ai le grand plaisir de rencontrer madame Joan Eby, la grande dame de Bolton-Est. Si vous êtes d'accord, j’aimerais que vous me racontiez votre point de vue sur l'histoire de Bolton-Est.

 

Madame Eby

Je ne peux pas vraiment parler de l'histoire de Bolton-Est parce que je ne suis pas experte en histoire de la municipalité, mais je peux parler de l'histoire que j'ai vécue comme mairesse. Je commence en 1981. J'ai été approchée par le maire pour prendre un siège sur le Conseil parce qu’une conseillère venait de déménager et laissait un siège vide.

 

Dans ce temps-là les mandats étaient de 2 ans et les municipalités avaient le choix de faire une élection de tout le monde ou faire un système de rotation pour la moitié. Notre municipalité a toujours choisi la rotation. 2 ans ce n'est pas assez long mais la rotation est quelque chose à regarder parce que ça assurait 2 choses :

 

assurer au minimum une continuité avec une moitié du Conseil

et ça évitait la création de groupes qui se lançaient contre un autre groupe.

 

Ça faisait, à mon avis, un équilibre en évitant qu’un groupe se forme et domine le Conseil. Il y avait comme aujourd'hui 6 conseillers et le maire. À cause du mandat de 2 ans, chaque année on avait un élection. Le vote sortait davantage lorsque l’élection incluait le maire que lorsque seulement des conseillers étaient en élection. Le seul aspect négatif était qu’il y a avait des élections à tous les ans. J'ai accepté de prendre le siège comme conseillère, pas parce que j'avais une passion de m'impliquer dans le conseil municipal, c’était plus une curiosité. Je n'ai jamais pensé m'impliquer pour toutes les années que j'ai fait!

 

Mon mari et moi venions d’acheter notre maison en 1977. En quatre-vingt-un ça ne faisait pas très longtemps qu'on était là. Au début des années 1980, avec mon amie Lise Barrette, nous avions  commencé à organiser un centre de jour pour les personnes âgées, un fois par semaine. À cause de ça, j'étais un peu plus connue dans la municipalité.

 

C’est le maire, monsieur Kathan ( Kean) Peasley qui m'avait demandé de me présenter. Il était maire depuis un bon 25 ans je crois. La famille Peasley était une famille fondatrice importante dans la région, toujours impliquée dans les conseils municipaux. C'étaient les grandes familles qui étaient impliquées sur le Conseil, Peasley, Gaylor, Galvin etc. Il a décidé de ne pas se présenter comme maire en 82,  parce que de plus et plus de choses qui  arrivaient à l'hôtel de ville étaient en français et il n'était pas bilingue.

 

Le Conseil dans ces temps-là était vraiment unilingue anglophone. Mon impression était que dans ces années-là, les résidents permanents étaient probablement à 75% anglophones et 25% francophones, sauf pour les gens qui venaient les fins de semaine qui étaient majoritairement francophones. Mais ces gens-là ne s’impliquaient pas dans les affaires municipales. Les francophones étaient éparpillés un peu partout, mais ils étaient principalement dans le secteur du lac Nick et dans le secteur du 10e et 11e rang. Le 10e rang est devenu le chemin Bellevue.

 

À South Bolton, il y avait les familles Saint-Pierre et Labranche. Ce sont de grandes familles qui se mariaient avec les grandes familles anglophones. Alors il y avait une partie de notre municipalité qui était vraiment bilingue, les gens de l'extérieur qui étaient unilingues francophones et une bonne partie de nos résidents permanents qui étaient anglophones unilingues.

 

J’ai donc été élue conseillère en 1981 et je me suis présentée pour le poste de maire en 1982 sans savoir ce que cela allait être, sans penser que je serais là longtemps. C'était plus comme une expérience, car j'avais ma propre carrière qui était commencée. Après le mandat de 2 ans j'ai dit non aux affaires municipales parce que je ne pouvais pas m’occuper en même temps de ma famille et me concentrer sur ma carrière. D’ailleurs j’avais déjà commencé à voyager entre ici et Montréal, Ottawa et de temps en temps dans les autres provinces. J'étais conseillère en matière d'emploi et d’équité, des droits de la personne, avec une spécialité pour l’accessibilité des personnes handicapées. C'était le début de le décennie internationale des personnes handicapées et nous n’étions pas nombreux qui travaillaient dans ce domaine-là pour la promotion des droits des personnes handicapées. On était peut-être un groupe de 6 personnes au niveaux fédéral. C'était nouveau il y avait pas beaucoup de monde pour faire la promotion de l'accessibilité pour les personnes handicapées. Nous sommes devenues des ‘experts’ et donc très impliqués dans ce domaine. J’ai été nommée déléguée auprès des Nations Unies à la Commission économique et sociale. J'ai assisté à plusieurs réunions d’experts pour les Nations Unies toujours pour l’inclusion des droits de la personne et l’accessibilité pour les personnes handicapées.

 

La personne qui est devenue maire après moi en 1984, qui était pro-maire durant mon mandat, était Arthur George, alors j'ai pris mon chemin. Après 2 ans, une délégation de citoyens et d’employés de l'hôtel de ville, surtout la directrice générale, sont venus me voir pour me convaincre de me représenter parce que pour eux la situation avec le conseil était un peu difficile. J'ai dit que c’était impossible car je suis débordée avec le travail et ma famille. Mais j’ai accepté de mettre mon nom comme conseillère, pensant que dans ce rôle-là, au minimum, je pourrais influencer un peu la marche des choses. Je suis devenue conseillère en 1986. Après, la loi a changé pour imposer des mandats de 4 ans. Le gouvernement provincial a déclaré que toutes les municipalités devaient avoir des mandats de 4 ans et devaient remplacer tout le conseil et le maire en même temps. Je ne me souviens plus si c'était en 1986 ou 1988 mais après mon mandat de conseillère, je me suis présentée comme maire parce que je savais que le maire sortant ne prendrait pas le risque de perdre contre une femme, pour lui cela serait inacceptable. Quand j'ai mis mon nom comme candidate il a retiré le sien et c’est là que je suis restée au poste de maire jusqu'en 2009.

 

J'ai perdu les élections de 2009.

Il n’y eu que 35% de participation à cette élection, le plus bas qu’on n’a jamais eu. J’ai perdu par à peine 50 votes. La majorité des gens qui ont voté étaient ceux qui venaient les fins de semaine. Mon opposition s’est concentré sur ce groupe qui n’était pas généralement inscrit sur la liste électorale. Des promesses ont été faites que la route du lac Nick serait pavée et que la circulation des camions serait interdite sur l'autoroute 245. J'ai aussi entendu dire que les gens estimaient que j'étais mairesse depuis trop longtemps et qu'il était temps de changer. Il était intéressant que ce point précis ait ensuite été utilisé en ma faveur. Quand les gens m'ont approché pour être candidate aux élections de 2013, leur argument principal était que j'avais beaucoup d'expérience !

 

Retour à l’hôtel de ville

Durant le mandat de 2009 - 2013, j'ai reçu beaucoup d'appels et de demandes par la poste, de groupes manifestant leur mécontentement toujours à propos du conseil et l’administration. les gens se sont plaints qu'ils ne se sentaient plus les bienvenus et que leur implication en tant que bénévoles n'était pas appréciée, alors il a perdu les bénévoles,. De nombreux employés sont partis et il était difficile de trouver des nouveaux. De nombreux comités municipaux n'étaient moins actifs. Un comité exécutif a été mis en place qui comprenait le maire et deux conseillers. Ce comité semblait tout diriger.

 

Avec toute la pression que j’ai reçue, j'ai finalement mis mon nom pour le poste de maire à l’élection suivante. Le maire a décidé de ne se pas présenter. J'ai été élue par acclamation et suis restée jusqu'à 2021.

 

En général, il y a toujours eu une bonne participation aux élections. Quand j'ai frappé à la porte en 2009, des gens me demandaient -allez-vous paver le chemin lac nick, j’ai dit non, même si c’est à cause de ces choses-là que tu peux perdre. Je ne fais pas de promesses quand je sais que c'est ridicule, que ça ne peut pas se faire. Pour la route 245, j’ai dit, ce n'est pas notre juridiction car c'est une route provinciale, ce n’est pas nous qui pouvons réduire le traffic. On travaille toujours pour le faire ralentir. Notre projet en ce sens a commencé en 1998 pour faire réduire la vitesse.. Imaginez, la vitesse était de 90 km/h sur toute la longueur de la route 245. Le chemin Terrio était autrefois la route, mais c'est pas mal avant moi que cela a changé. Jusqu’à la fin des années 1960, la route 245 empruntait le chemin Cameron. La partie devant l'hôtel de ville était bordée d’arbres de chaque côté de la rue. Mai le gouvernement a voulu élargir la route. C'est maintenant très large. Tranquillement on peut faire des choses, mais interdire un camion qui vient de la frontière pour rejoindre l’Autoroute 10 est impossible.

 

Comment je suis venue à Bolton?

Cet été-là, j'étais directrice dans un camp d'été pour jeunes filles dans les Laurentides et James, mon mari, travaillait sur les bateaux pour une compagnie de Terre-Neuve qui livrait des marchandises dans le nord du Québec. Il remontait le fleuve Saint-Laurent puis montait jusqu’à la Baie d’Hudson. L’élection du parti de monsieur Lévesque nous a permis d’acheter à bon prix notre maison parce que les anglophones quittaient la province. Les maisons se vendaient à des prix très bas, très raisonnables. De plus, nous avons économisé de l’argent, moi dans le camp de jeunes filles et James sur le bateau. Nous avons regardé dans les Laurentides mais les prix des maisons était beaucoup trop cher. Nous avions des amis à Knowlton, alors nous avons visité les Cantons de l’Est. Nous avons trouvé cette maison qui était vraiment petite. Le vendeur demandait 40000 et a accepté 20. C'était à cause de la situation politique, c’était la panique. C'est pourquoi j'ai toujours aimé monsieur Lévesque parce que c'est grâce à lui que nous avons pu acheter notre maison. Nous avions alors un appartement dans le Vieux-Montréal et nous sommes déménagés ici de façon permanente en 1978. La maison était comme un « schack ». Je pensais que ça serait juste notre petit chalet pour les fins de semaine, mais mon mari a décidé que ça devienne notre résidence permanente.  Il y avait beaucoup de travail à faire avec cette maison.

 

À l’époque,  il y avait beaucoup d'hôtels dans la région et chaque hôtel avait une équipe de baseball, une pour les femmes et une pour les hommes. Alors c’est un peu comme ça que nous nous sommes intégrés dans notre communauté. Tout le monde jouait ou se rendait là pour regarder les compétitions. L’hôtel de Bolton Centre venait juste de brûler, alors on jouait au Owl’s Nest, mais il y en avait beaucoup d’autres : High Water, North Troy (The Legion), Glen Sutton, le Thirsty Boot près de Knowlton. Tout le monde amenait ses enfants, les enfants jouaient ensemble, on jouait notre baseball. Personne n'était très bon, sauf les frères Saint-Pierre qui étaient comme des professionnels, mais pour les autres c'était pour avoir quelque chose à faire. L’hiver il y avait des courses sur la glace sur le petit lac derrière le Thirsty Boot.

 

Dans les années 1980 – 1990, tout le monde organisait quelque chose pour être impliqué et connaître les voisins. Comme j’ai mentionné, Lise Barrette et moi on a commencé un centre de jour pour les personnes âgées. Il y avait un camp de jour pour les jeunes. On avait chaque samedi des activités à l'hôtel de ville pour les enfants. On avait un corps de cadets. Tout ça, comme aujourd'hui, était organisé par les citoyens, c'était toujours des bénévoles. Les activités qu'on pouvait offrir étaient déterminées par la population. C'est eux qui étaient impliqués, c'est eux qui étaient les bénévoles. Aussi, à cette époque il y avait des semaines du patrimoine qui étaient organisés toujours par une équipe. Quelqu'un est venu nous dire, on devrait être plus sensible à l'histoire de notre municipalité, à nos bâtiments patrimoniaux. Un comité de citoyens était alors créé pour s’en occuper. Je demandais que quelqu'un du Conseil soit impliqué.

 

Plusieurs années, nous avons eu un comité d'embellissement qui s'occupait de planter des fleurs, d’avoir des boîtes à fleurs sur les ponts dans chaque région. C'est ça la vie d'une communauté. S'il y a des changements d'intérêts, un changement démographique, des orientations, pour moi comme mairesse et pour le Conseil, c'était d’écouter notre population, être sensible au fait que c'est elle qui va nous dire où elle veut aller. Pour moi, le type d'activités va changer avec les changements démographiques. Le Conseil doit toujours être à l'écoute et voir ces changements et s’assurer qu'on travaille en équipe avec notre population au lieu de décider nous-mêmes ce qu’on doit faire. Il y avait à South Bolton, à côté du dépanneur, une ancienne école, la Petite maison rouge qui est jaune maintenant, qui appartenait à la Women’s Institute, laquelle était très active dans ce temps-là. La municipalité ne pouvait pas demander de subvention du gouvernement fédéral, alors j'ai écrit une demande de subvention pour un camp de jour au nom de la Women’s Institute, mais c’est la municipalité qui a géré le projet.

 

L'importance de l'esprit communautaire et le rôle des bénévoles ont été essentiels au développement et à la croissance de notre municipalité. C'est vrai dans les années passées, c'est vrai pour aujourd'hui et c'est vrai pour notre avenir. L'un des exemples les plus extraordinaires de l'évolution récent de la municipalité est l'implantation de l'OBNL Le Rucher. Cela a commencé comme un projet, "J’adopte une ruche" et s'est transformé en une banque de programmes et de services qui continue de m'étonner! Une municipalité de notre taille ne pourrait jamais se permettre d'offrir tous les événements et programmes exceptionnels que Le Rucher offre. Nous avons un partenariat avec la communauté, le conseil et l'administration qui est remarquable et je crois un modèle de la façon dont les choses peuvent se faire lorsque nous travaillons ensemble. Nous ne sommes peut-être pas toujours d'accord sur tout, mais nous sommes d'accord sur les principes fondamentaux de l'entraide et du partage .

 

 

Le nom de la municipalité?

Je voudrais parler un peu de ce qui s'est passé quand j'ai commencé sur le Conseil municipal. C’était unilingue anglophone, j'étais probablement la seule personne qui pouvait communiquer en français. Il y avait peu de participation de nos citoyens francophones, sauf si la personne était bilingue.. Tranquillement, j'ai réussi à effectuer un changement pour tenir compte de cette réalité que nous sommes une société bilingue.

 

On a commencé à utiliser le nom EAST BOLTON EST  pour envoyer le message que la municipalité appartient à tout le monde. II n'y a pas de division. Durant la période entre 1986 et 2009, avant chaque réunion du Conseil je disais -si vous ne comprenez pas, levez la main et on va faire une traduction, si je vois pas de main je devrai présumer que tout le monde comprend ce qui se passe. Nous nous sommes assurés que tous les documents soient dans les deux langues. En 2009, quand on a eu les conditions pour avoir un logo pour la municipalité, on a fait un concours et Marie-Andrée Lemieux a gagné le prix, c’est elle qui a réalisé le logo de la municipalité. Nous avons installé des enseignes aux limites de la municipalité avec le nouveau nom. Quelqu'un a fait une plainte à l'Office de la langue française. J’ai alors reçu un appel d’un monsieur de l’Office qui m'a dit qu’il y avait cette plainte à l’effet qu’il est illégal d’utiliser le nom EAST BOLTON EST. On devait utiliser East Bolton ou Bolton Est.  Je lui ai dit que nous venions tout juste d'installer ces pancartes et que cela représentait beaucoup d'argent. Que peut-on faire? Ce monsieur m’a dit de garder les affiches et  qu’il dirait à la personne qu’il avait convenu avec la municipalité, que lorsque les affiches seraient remplacées, le changement serait effectué. Le nom officiel de la municipalité a toujours été East Bolton et n’a jamais été changé, ni à la municipalité ni avec la province. On va faire ça.

 

Mais six mois plus tard, la plainte est revenue. Je me suis dit, si on refait les affiches, que va-t-on faire? Si on inscrit seulement East Bolton, quel message cela va-t-il envoyer à nos concitoyens. Nous avions ajouté le nom français pour montrer le respect à nos citoyens. Et maintenant si je devais respecter la loi et que je garde le nom officiel de la municipalité, je vais dire à nos citoyens francophones qu’ils ne sont plus les bienvenus ?

 

Après les élections en 2009, le maire a été avisé de la plainte. Alors, ils ont remplacé toutes les pancartes et ont mis Bolton Est seulement. Quand je suis revenue en 2013, j'ai contacté l'Office de toponomie pour leur dire que le nom officiel est East Bolton. Mais je ne vais pas rouvrir ce débat. On m’a dit, si jamais quelqu'un pose la question vous direz que cela fait quatre ans que c’est comme ça, toute la correspondance, les annonces officielles, la publicité de la municipalité, utilisent le nom Bolton Est, est-ce vraiment essentiel de revenir en arrière? Les anglophones ont probablement accepté le fait qu'ils ont perdu un peu de leur identité. C'est comme ça. La Commission de toponymie du Québec n’affiche plus que le nom en français.

 

Je ne veux pas que ça commence tranquillement à changer, c’est pour cela que je me suis toujours opposée à ce que le Ministère des transports tente de temps en temps de changer le nom de South Bolton pour Bolton sud. Je résiste à ça! Parce que c'est l'histoire, c’est le nom de la place. North Hatley ce n’est pas Hatley-du-nord, Stanbridge-East n’est pas Stranbridge Est. Je comprends l'argument pour le français mais honnêtement il faut respecter la tradition, le nom de la place.

 

Quand j'ai commencé au conseil comme mairesse, autour de la table, c'était uniquement des hommes, des hommes d'un certain âge en plus, avec peu d’intérêt quant à ce qui va passer dans la municipalité en 20 ou 30 ans. La coupe à blanc par exemple c'était normal. Ce sont des choses que j'ai introduites dans mon premier mandat, arrêter le coupes à blanc même si on est venu me voir pour dire non cela devrait être un règlement pour les gens de l'extérieur seulement parce que nous on sait comment faire ça. On a commencé le projet de la collecte du recyclage avec les cadets qu’on a formés pour faire la présentation et expliquer pourquoi c'est important pour leur futur. Le projet de recyclage a commencé avec Cameron Road. Ils ont fait du porte-à-porte et donné des sacs bleus à chaque maison avec une liste de ce qui devait être mis dedans. La 2e année on a ajouté un autre chemin et après 5 ans, il y a des citoyens qui sont venus à l'hôtel de ville pour qu’ils puissent participer à notre projet de recyclage. Cela prend du temps, même aujourd'hui on a encore besoin d’informer pour sensibiliser les gens qui ne sont pas des résidents permanents.  Ce qui est acceptable à Montréal est différent d’ici, cela dépend de votre centre de tri parce que la Province n’a pas de standard.

 

Quand la collecte des déchets a commencé, cela ce faisait avec un camion ouvert avec des hommes qui lançaient les sacs de déchets. Ce n’était pas très sanitaire ni très efficace, mais c’était comme ça. Quand je suis arrivée, il y avait déjà cette collecte. On a eu à une époque des conteneurs partout mais c’était l’enfer et n’importe quoi. En fils des ans le service a vraiment changé!

 

Pourquoi la municipalité du canton de Bolton s’est divisé en plusieurs municipalités?

Je n’ai pas eu d’échos des raisons pourquoi les diverses municipalités se sont détachées de East Bolton. Pendant tout le temps que j’étais à la mairie cela ne se parlait pas. Nous avions 22 municipalités dans la MRC durant les années 1980 maintenant il y a 17 avec les fusions. Notre Conseil à cette époque, qui était encore formé des anciennes familles , se demandait qu'est-ce qu’on va faire si on nous force de faire ça. J’ai suggéré qu’on prenne les devants pour voir si on peut fusionner avec Saint-Étienne. Le gouvernement provincial était bien surpris parce que nous étions la seule municipalité qui le contactait. On nous a dit de faire notre propre analyse. Nous avons eu quelques réunions avec Saint-Étienne pour finalement conclure qu’il n’y avait pas d’avantage de part et d’autre à fusionner. Le gouvernement a alors mis notre non sur la liste des municipalités à ne jamais fusionner. Nous avions réussi, c’était exactement notre objectif.

 

Changement dans la charge de travail à l’hôtel de ville?

Selon moi, il n’y a eu pas de gros changements dans la gestion actuelle durant toutes ces années. La quantité de travail dépend vraiment, dans une large mesure, dude le degré  dans lequelle vous souhaitez vous impliquer comme conseiller ou mairesse. Le grand changement est la quantité de documents que vous devez lire. Il faut maintenant davantage suivre ce qui se passe au niveau municipal, provincial et fédéral.. Tous les documents du gouvernement provincial, même si ça ne concerne pas directement la municipalité, doivent être étudiés, ça prend du temps de lire tous ces documents  pour comprendre quel est leur impact, sensibiliser les employés, sensibiliser le Conseil, engager les personnes à discuter leur contenu.

 

Ce n’est pas que le gouvernement provincial donne plus de responsabilités aux municipalités.  Ce n’est pas plus de pouvoir mais que plus de devoirs à faire. La municipalité est plus la gestionnaire pour la province. On est pris avec les mêmes choses que la ville de Magog ou la ville de Montréal sans avoir les ressources pour tout faire et sans avoir le pouvoir de dire que cela ne nous touche vraiment pas et que nous ne voulons pas être impliqués dans ça. 

 

Pire encore,  le gouvernement pousse de plus et plus sur les MRC. La MRC ce sont les maires, ce n'est pas un autre groupe de décideurs et avec tout ce que la MRC devrait gérer pour la province qui tombe encore sur les épaules des municipalités qui payent.

 

J’ai appris récemment qu’une entreprise pourrait avoir le contrat de récupérer tout le recyclage de toutes les municipalités de la MRC et que le contrat serait négocié par la MRC. Cela veut dire qu’une compagnie va ramasser le recyclage pour 17 municipalités et tout ça va aller à Recyc-Québec. Je peux pas imaginer comment ça peut être plus efficace que ce qui se fait maintenant. Comment peut-on organiser ça quand tout le monde veut que le ramassage se fasse les lundis ou mardi avec 17 municipalités incluant la ville de Magog? Quel est l’impact pour les petits entrepreneurs avec leur équipement spécifique? Comment cela se fait-il qu'une compagnie puisse avoir assez de pouvoir pour faire un lobbying avec le gouvernement provincial pour faire changer la loi.  J'ai entendu que il y a des MRC qui commencent à manifester leur désaccord avec tout ça. Je ne sais pas pour notre MRC. Je ne sais pas quand cela va commencer mais on m'a dit que les municipalités devront s’ajuster d'ici 2025 et qu’elles  devront commencer à négocier pour modifier les contrats. Pour moi c'est plus efficace que les 6 municipalités du secteur ouest fassent la gestion des matières résiduelles dans le secteur.  Déjà que nous avons le même entrepreneur mais pas avec les mêmes prix...

 

Je m'attends à ce que le conseil des maires de notre MRC fasse face à de nombreux défis. Non des moindres, 14 des 17 maires sont nouveaux! Apprendre le fonctionnement du système, le processus de détermination des politiques et des programmes, le rôle et le mandat des différents comités peut être intimidant. Dans l'histoire de la MRC, il n'y a jamais eu autant de nouveaux maires élus. Pour que la MRC fonctionne efficacement et se développe régionalement, il faut une compréhension de l'histoire du territoire, une connaissance de l'arrière-plan des décisions et une volonté de travailler en partenariat pour le plus grand bien de tout le territoire

 

 (On a dépassé l’heure, on avait dit pas plus d’une heure).